King Sabbah

PAR EVA BESTER

Claude Sabbah est une enluminure échappée du livre de Kells qui prétend être né à Casablanca. Il arbore la même exubérance que le manuscrit du VIIIe siècle : spiritualité éthérée dans un costard clinquant.

Icône underground, chanteur, DJ et designer rebelle, il a baladé sa belle gueule de sultan sur plusieurs continents. A Londres, il s ort son premier single (Hard times need the kiss of life) et devient le chouchou du quotidien The Independent et du coquet I-D Magazine.

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En 2000 après Jésus-Christ, il devient directeur artistique du Man Ray à New-York et habille les plus grands de la scène musicale américaine : Eminem, Laurynn Hill, Lil’kim, Iman Bowie, Diana Ross se lovent dans ses créations. Figure emblématique du milieu hiphop encensé par le New York Times, il est proclamé “King of New York” par le chic Paper Magazine. Avec l’élégance de ceux qui partent quand ils sont au sommet, il décide tout simplement de réanimer le sari en Inde et en profite pour habiller les stars de Bollywood au passage. Même succès qu’aux Etats-Unis : le Times of India le glorifie et le nomade bouillonnant poursuit son pèlerinage.

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En France, il crée le concept ‘’La rue est à nous’’ pour TATI et entame une collaboration avec Gilles Rosier (ils lanceront le label « GR816 ») tout en s’encanaillant avec le gotha (il présente le producteur Tony Mansfield à Jean-Paul Gaultier qui feront ensemble la chanson « How to do that »).
Aussi mondain qu’ascète, sa dualité en fait un humaniste total.

Il revient en France comme DJ (L’Alcazar, La favela chic …) et artiste contemporain illuminé (sa « Disco déesse » à la galerie Anne de Villepoix est aussi symbolique que ludique et résume bien le personnage).
En bon mage baroque, il mélange les matières et les idées de façon inattendue.

Portrait Claude Sabbah

Kitsch et chic, pop et mystique, drapé dans son tissu camouflage emblématique, son aura mystique éclate dans toutes ses apparitions. On le verra bientôt dans le documentaire My decision de Fisher Stevens.

Kabbaliste du verbe qui s’exprime dans quatre langues différentes dans la même phrase, il semble n’avoir pris que les bons aspects de la folie e t rend profond le superficiel. Le cosmos semble l’avoir chargé d’une mission : régner sur l’or et la boue avec la même aisance, et transforme cette dernière en lumière.
Claude Sabbah a quelque chose de l’alchimiste…

The Metropolitan Museum of Art